Le Grand Détour

Génocide des Khmers rouges et musée national

[26 décembre 2015]

france_french_flag La prison Tuol Sleng, musée du génocide

La situation gastrique n’est pas encore optimale mais le réveil laisse apercevoir un rétablissement encourageant après une nuit correcte. Nous nous contentons cependant d’un petit déjeuner léger pour ne pas prendre de risque…

Aujourd’hui nous allons traverser des moments éprouvants, nous le savons. Et rien à voir avec nos gastros de Noël, non. Nous allons nous rendre au musée du génocide des Khmers Rouges, la prison dite « S-21 » de Tuol Sleng, puis aux « killings fields » de Choeung Ek avec le mémorial d’un des 200 charniers découverts au Cambodge, à 8 kilomètres de la ville…

Retour sur cette visite qui nous marquera à vie.

Nous arrivons en tuktuk vers 10 heures devant l’entrée de ces bâtiments qui, un jour, résonnaient de rires et de voix de lycéens dans la cour de récréation, avant qu’ils ne gagnent leurs salles de classe pour apprendre la littérature, les maths, l’histoire, les langues…

Un jour. Mais plus jamais.

Car lorsque nous prenons nos billets et notre audio-guide, nous pénêtrons dans l’une des pires usines à torture qu’ait connu l’humanité, la prison ultra-secrète S-21 de Phnom Penh, durant les 3 ans 10 mois et 20 jours que dura l’absurdité idéologique et génocidaire des khmers rouges de Pol Pot.

Les évènements qui ont mené à l’arrivée des khmers rouges au pouvoir sont assez complexes. Pour simplifier à mort c’est un mouvement de résistance révolutionnaire qui s’inscrit entre autre contre le gouvernement militaire du général Lon Nol qui a pris le pouvoir en usurpant le roi – celui-ci trouvant refuge au Vietnam. Un mouvement qui s’oppose également aux américains qui bombardent sans cesse le pays. Ce qui explique pourquoi la population de Phnom Penh a d’abord accueilli favorablement les soldats khmers rouges, croyant à la possibilité d’une libération. Mais la liesse est de courte durée car dès le deuxième jour, les soldats forcent la population à quitter la ville en prétendant que c’est à cause des bombardements à venir et qu’ils pourront revenir 3 jours plus tard. Ceux qui refusent sont exécutés sur place immédiatement. C’est le début d’exode forcé inimaginable de près de 2 millions de personnes qui commence vers les campagnes.

Les khmers rouges décrètent alors l’année zéro d’une utopie de société agraire où il n’y plus de devise, plus de propriété privée, plus de religion, plus d’art. Une société où seule compte la foi absolue en « Angkar », l’Organisation. C’est une véritable machine à broyer l’humain où toute personne un tant soit peu éduquée, cadre, enseignant, intellectuel, médecin, ingénieur, avocat, moine, etc. est désignée comme enemi du régime à éradiquer sans compromis. Y compris toutes leurs familles et enfants. Ceux qui restent sont forcés à travailler dans les campagnes comme des esclaves jours et nuits. Ils n’ont plus rien, ils n’ont plus le droit de posséder quoi que ce soit ou de se nourir par eux-mêmes. Le simple fait de ramasser une mangue pour sa famille est puni de mort pour trahison envers Angkar. On se croirait dans un horrible roman d’anticipation à la 1984 mais la réalité est bien pire encore et « Angkar » bien plus sanglant que Big Brother.

Angkar est partout. Angkar voit tout. Angkar sait tout et ne peut pas faire d’erreur. Angkar sera le dieu et le cauchemar de milions de cambodgiens lavés du cerveau ou esclaves. Ou tu obéis à Angkar ou on te tue et toute ta famille avec… Angkar est une organisation, l’Organisation, mais Angkar a un nom et un visage, « Brother N°1 », « Frère N°1 », Pol Pot. Ce despote qui a fait ses études en France et qui, après avoir décimé près d’un quart de la population cambodgienne de 1975 à 1978, reviendra montrer sa sale petite gueule d’enculé en toute impunité à la conférence de la paix sur le Cambodge à Paris en 1989. Mais n’avançons pas trop vite.

Pour eradiquer le régime de tout ses « ennemis », il faut des moyens. Il faut un réseau de prisons. Il faut extorquer des aveux des enemis. Il faut des techniques de torture. Il faut tuer. Et il faut des endroits où se débarasser des restes… La prison S-21 incarne le paroxysme de cette boucherie humaine. En 3 ans, près de 20 000 personnes franchiront ses murs et n’en ressortiront que pour être exécutées dans l’un des charniers de la ville à quelques kilomètres de là, après avoir subi des sévices et des conditions de détention qui feraient passer l’inquisition pour des enfants de coeurs… Et tout cela dans le plus grand secret.

Car à part quelques Frères à la tête d’Angkar et le personnel de la prison, le reste du monde, et en premier les cambodgiens ignorent tout de cet endroit gardé secret. Les prisonniers y sont amenés menotés, les yeux bandés. Lorsque l’on vient les chercher, les soldats prétendent qu’Angkar a une nouvelle mission pour eux. Celui qui a été dénoncé comme sachant réparer des machines à écrire, par exemple, celui qui a été pris en flagrant délit de griffonnage, celui qui sait parler une langue étrangère, celui qui a une tête qui ne revient pas. Lorsqu’ils arrivent à S-21, ils n’ont aucune idée du lieu où il se trouve ni de la faute qu’ils auraient commise. Mais Angkar ne peut pas se tromper. Ces hommes et ces femmes ne sont plus des humains, ce sont des traitres à torturer pour les faire avouer.

Lorsque les soldats vietnamiens mettent le régime de Pol Pot en fuite en 1978, ils ignorent tout de S-21. C’est l’odeur qui les conduira quelques jours plus tard dans cette enceinte anonyme. Et ce qu’ils découvrent est abominable mais ce n’est que le début des macabres découvertes. Seuls 7 prisonniers sont encore en vie. 14 autres ont été exécutés à la va-vite avant l’arrivée de l’armée vietnamienne. Ils sont dans un tel état qu’ils ne sont pas identifiables. C’est pour ces 14 victimes de la dernière heure que ces 14 petits cercueils blancs ont été diposés dans la première cour aujourd’hui. Les prisonniers vivants vont alors pouvoir raconter les horreurs qu’ils ont vécus et qui seront corroborées par les archives retrouvées des Khmers rouges, bien que ces derniers en aient détruits une partie juste avant de déserter la place. 7 prisonniers. 7 destins à jamais bouleversés, d’hommes brisés qui ne doivent leur salut qu’à certains de leurs talents. L’un parce qu’il savait dessiner et qu’il était utile pour peindre des posters de propagande, un autre parce qu’il savait réparer des machines…

Alors que nous poursuivons notre visite mortifère, nous croisons deux de ces survivants. Ils sont là, en chaire et en os, bien vivants bien qu’ayant maintenant un âge avancé. L’un vend son livre qui raconte son histoire et sa détention, l’autre fait la promotion du musée et de l’association des victimes des khmers rouges. Nous ne pouvons nous empêcher de penser à la torture cela doit être pour eux de devoir revenir jour après jour à l’intérieur de ces murs, pour raconter encore et encore les pires jours de leur existence. Et pourtant ils sont là. Comme le dit le stupa à la mémoire des victimes, « pour ne pas oublier et que cela ne se reproduise jamais ».

En fait, avant de visiter les bâtiments de S-21 proprement dit, nous avons regardé un film de 30 minutes dans l’une des anciennes salles de détention. Il raconte l’histoire des khmers rouge à travers les témoignages de 3 des 7 prisonniers survivants (dont les 2 qui sont présents aujourd’hui !) ainsi que l’un des tortionnaires de la prison, toujours vivant lui aussi, tout comme de très nombreux cadres du régime… Tous les témoignages de khmers rouges blâment l’Organisation qui les a forcés à faire ce qu’ils ont fait… mais qui n’en ont pas moins été parmi les bourreaux les plus sanguinaires de l’histoire. Et qui consignèrent méticuleusement leurs méfaits, photos des prisonniers à l’appui, avant et après torture.

Le visionnage du film nous glace d’effroi dans cette journée chaude de décembre mais nous ne sommes pas au bout de nos peines.

Nous redémarrons la visite depuis le début avec notre audio-guide pour découvrir comment cela se passait à l’intéreur de la prison elle-même. Toute ces salles de classe si banales et qui ont pourtant vus se dérouler tellement d’atrocités. Les lits en ferraille où étaient allongés les prisonniers torturés sont encore là, tels qu’ils ont été découverts à l’arrivée des vietnamiens. Sur les murs nus de ces chambres, des photos en noir et blanc de corps mutilés. A de nombreuses reprises l’audio guide met en garde sur la nature très dérangeante des images et des informations qui sont fournies. Apparemment ça ne dérange pas certaines familles de venir visiter le site avec de jeunes enfants. Dans ces autres salles, nous decouvrons des peintures de l’un des survivants qui illustrent les témoignages. Il faut avoir le coeur bien accroché.

Peut-être est-ce des réminiscences de la gastro ou encore la chaleur mais nous ne nous sentons pas très bien et nous faisons plusieurs pauses pour nous asseoir sur des bancs à l’extérieur.

Dans d’autres salles nous en découvrons plus sur la vie des dirigeants d’Angkar et sur le regard que portait le reste du monde sur les khmers rouges et leur régime à l’époque. Dire que le monde est justement resté longtemps sceptique sur les « soi-disant » crimes des khmers rouges. Comme quoi les témoignages étaient exagérés… Il y a évidemment un ensemble de facteurs qui ont contribué à cela mais il y a aussi des coupables presque malgré eux. La visite d’une délégation officielle suédoise au Cambodge pour rencontrer Pol Pot en personne. Ce dernier ayant besoin de soutient les avait invités. Les suédois découvrent alors un pays paisible où les gens sourient, où les paysans travaillent avec le sourire, où les usines tournent bien, où il n’y a aucune trace de prison ou de crime… Bien évidemment tout cela a été soigneusement orchestré pour masquer toute l’horreur et montrer le régime sous son meilleur jour. Et le pire c’est que ça a marché tant et si bien que la délégation suédoise reviendra pour dire que l’utopie de Pol Pot fonctionne, que la société peut devenir meilleure en suivant son exemple ! Et que les présomtions de crimes qui pèsent sur ce régime sont infondées. Ce qui jettera le discrédit sur tous les témoignages subséquents et retardera également la traque et les procès des responsables. Sur les 30 hommes de la délégation suédoise ayant participé à cette visite, un seul d’entre eux reviendra 30 ans plus tard à S-21 pour se repentir et avouer qu’ils se sont fait bernés.

Quant à la France, je ferai quelques recherches supplémentaires, mais je suis écoeuré qu’on ait pu continuer de recevoir Pol Pot jusqu’à l’accepter à la conférence pour la paix pour le Cambodge à Paris en 1989, alors que l’on en savait déjà pas mal sur tout ce qu’il avait fait…

Dans d’autres salles nous découvrons les cellules de détention de moins d’un mètre-carré. Bien sûr aucune salle de classe n’est équipée de toilettes. Ces pourquoi des trous ont été fait dans les murs pour évacuer les excréments, au moment de l’arrosage des prisonniers toutes les 3 semaines. Ceux à qui on donne des seaux sont sommés de ne pas les faire déborder sinon il leur faudra lécher les salissures. Nous en apprenons sur les techniques et les instruments de torture. Nous voyons défiler des centaines de photos d’hommes, des femmes, certaines enceintes et d’enfants, parfois juste des bébés.

Mais si S-21 est un lieu d’horreur absolu, ce n’est pas là qu’ont été tués la plupart des prisonniers qui sont rentrés dans ses murs. Non. Car une fois que la paperasse était classée et que tel ou tel numéro devait mourir après avoir avoué sous la torture qu’il appartenait à la CIA en dénonçant ses voisins et ses amis – la plupart des prisonniers n’avaient jamais entendus parlé de la CIA et n’avaient aucune idée de ce dont il s’agissait – il était en emmené par camion, avec une vingtaine d’autres numéros « coupables », pour être exécutés à Choeung Ek, à 8 kilomètres de là. C’est ce qu’on appelle le killing field, le champ de la mort.

Dans les dernières salles de S-21, nous en découvrons encore un peu plus sur ces charniers humains, le coeur au bord des lèvres. Des photos montrant des montagnes d’ossements et de crânes humains découverts quelques années après la mise en déroute de Pol Pot et de Ieng Sari. Dans les salles mêmes où nous nous trouvons, des dizaines de crânes sont alignés avec leurs ossements, ceux de ces malheureux qui ont été entérrés à la va-vite avant l’arrivée des vietnamiens. Au mur il y a des peintures. Elles montrent comment les soldats d’Angkar s’y prenaient pour tuer les prisonniers. Pour ne pas gaspiller de munitions et pour ne pas faire de bruit qui pourrait attirer l’attention, les soldats les matraquaient à coup de barres de fer puis leur coupaient la gorge. Les femmes et les jeunes enfants subissaient le même sort, les bébés étaient tabassés contre des arbres. C’est que que confessèrent les khmers rouges rattrapés par la justice. Parfois, Duch, l’un des responsables du parti, assistait à ces exécutions et il demandait aux soldats s’ils étaient des « absolus » et si oui, ils devaient suivre ses ordres sans sourciller…

En ressortant du dernier bâtiment de S-21, nous avons de nouveau besoin de nous asseoir. Nous avons du mal à intégrer toutes ces atrocités, commises, non pas des siècles avant nous mais de notre vivant ! 1975, 76, 77, 78, c’était hier ! A peine quarante ans ! Et dire que ces centaines de khmers rouges ayant participé à ces actes sont toujours vivants et libres. Des procès sont en cours, certes, mais la justice est loin d’avoir été rendue pour nombre d’entre eux. Penser qu’en à peine 4 ans, un quart de la population du pays a été décimée, c’est inimaginable. Et pourquoi ? Pour quel crime ? Pour rien, pour une idéologie à la con. Et le plus absurde, c’est que ce sont des crimes qui ont été commis par des Cambodigens sur d’autres cambodgiens, il ne s’agissait pas d’envahisseurs extérieurs.

Alors que nous nous dirigeons vers la sortie, nous croisons les stands où sont assis 2 des survivants que nous avous vus dans le film et sur les photos. Qu’est-ce qu’on peut bien leur dire ? L’un deux nous fait signe et nous montre son livre. Il nous montre l’un des bâtiments et nous fait comprendre qu’il y était emprisonné, que c’est lui l’un des sept survivants. Timides, gênés, nous ne trouvons pas de mots, nous nous éloignons en faisant des gestes de remerciement. J’hésite à revenir, je voudrais lui parler mais je ne sais pas quoi lui dire, sans compter que son anglais est approximatif et qu’une personne est là pour traduire. Cette rencontre un peu manquée ne me lâchera pas l’esprit de la journée. Si je le revoyais maintenant, je lui dirais combien il a du courage d’être là et de continuer à se prêter à ce rôle de porte-parole plutôt que de finir sa vie paisiblement comme il le mérite. Je vais essayer de trouver son livre aussi.

En parlant de livre, je vois celui de ce français, François Bizot, qui a été prisonnier des khmers rouges et qui a réussi à s’enfuir, grâce à l’un d’entre eux, un jeune révolutionnaire… Plusieurs années après les faits, François Bizot se rend à S-21 et réalise que ce jeune révolutionnaire n’est autre Duch, celui qui deviendra le responsable des prisons du régime. Il a écrit deux livres sur son expérience.

Lorsque nous sortons enfin de S-21 pour retrouver notre tuktuk, nous avons besoin de nous changer les idées. Dire que tous les cambodgiens doivent vivre avec ce souvenir terrible et faire un chemin intellectuel compliqué pour comprendre et accepter ce qu’il s’est passé. Dire que ces évènements n’ont pas été officiellement intégrés aux manuels scolaires jusqu’en 1992… Dire que tout cela est réellement arrivé…

Marché russe

Nous nous dirigeons à présent vers le marché russe de Phnom Penh, dont le nom vient des nombreux touristes russes qui visitèrent le marché dans les années 1980. Il s’agit d’un bric à brac de tout et n’importe quoi qui n’a rien à envier aux plus grands souks du Maroc. Vêtements, souvenirs, boucheries, jouets, tout s’y cotoie joyeusement. Nous n’y restons qu’une demi-heure. L’idée de départ était d’y déjeuner mais les stands de nourriture ne nous inspirent pas confiance avec notre gastro à peine terminée. Nous déjeunons finalement dans un petit resto, avec un genre de riz cantonnais cambodgien, le truc fiable quoi 😉

Après le repas, nous sommes en plein doute : a-t-on réellement envie d’aller aux killing fields ? C’est pour cela que nous avons réservé le tuktuk et celui-ci vient de démarrer justement. Oui mais. Après avoir vu et entendu toutes ces horreurs ce matin, nous sentons que nous avons atteint une certaine limite. A-t-on réellement besoin de voir les traces ce charnier de plus près ? Nous décidons finalement que non. A la place, nous préférons célébrer l’art khmer en visitant le musée nationnal juste à côté du palais royal.

Le musée national

Installé à l’intérieur d’une grande demeure khmer typique, le musée dispose d’une impressionnante collection dont de nombreuses pièces proviennent des temples d’Angkor. Nous nous amusons à deviner les temples d’où ces sculptures ont été extraites. Après la visite nous achetons des cartes postales… En fait ce dont nous avons envie, c’est de se poser quelque part avec une boisson fraîche pour les écrire. C’est ainsi que nous finirons l’après-midi, au deuxième étage de l’institution du FCC, Foreigners Correspondent Club avec une bière et un tonic, en regardant passer les bateaux sur le Tonlé Sap.

Le soir nous dînons non loin de l’hôtel, dans charmant petit resto tenu par une française. Nous optons pour du léger, l’estomac encore un peu fragile : quiche à l’agneau et salade jambon, pomme de terre, tomate et fromage que nous partageons avec Susie, le tout avec du pain maison, l’un des meilleurs que l’on ait mangé depuis notre départ de France.

Le soir nous regardons les photos de ces derniers jours en anticipation des prochains articles.

english_flag [26th December 2015]

WARNING: If you are faint-hearted, easily shocked or just not interested in real-life horror stories then do not read the Tuol Sleng Genocide Museum section. I apologise in advance for bringing this into your home or workplace or train/taxi… It’s a long paragraph, but you can start reading again at The National Museum title ^_^

For the first time since we arrived at this hotel we headed down to breakfast together! The manager asked me if I was feeling better, no-one asked Stéphane…they really hadn’t understood that he was ill at all! I managed to eat a whole croissant while he stuck to the toast rather than taking any risks!

We made the decision this morning to rent a tuk-tuk and go to the Genocide museum, the Russian Market and then the Killing Fields. The hotel offers this tour for $20 — I thought that this was ok and would save us the hassle of negotiating ourselves and so I convinced Stéphane to go along with it (though he was apparently in the negotiating mood and wasn’t happy with the decision!).

Tuol Sleng Genocide Museum or S21 Prison

When we arrived at museum (which to be fair would probably have been walkable from our hotel!) we paid our entrance fee and for one audio guide in English. There were two sockets which meant that I could listen with my headphones whilst Stéphane used the given headset and turned out to be indispensable.

The Tuol Sleng Genocide museum is a group of buildings that used to be a high school before the Khmer Rouge turned it into a prison. A prison where they tied up, imprisoned and tortured people until they confessed at which point they would be taken out of the city to the killing fields and their death (if they hadn’t already died during the torture).

Despite the signs saying that there was no movie today the girl at the ticket desk said there was and at 9:30…we’d better get a move on! There was an Indian family also wanting to see the film but when we got up to the third floor of building D the room was all closed up. The family left, but Stéphane and I hang around for a bit longer and a man arrives and opens up the room. Stéphane spotted the family and shouted down them to come back up for which they were very grateful!

The film is really a documentary where two survivors and one ex-guard from the prison tell their stories. The survivors were “spared” because of their “skills”: one a type-writer and sewing machine repairer (and mechanic for the Khmer Rouge before being arrested by them for being a CIA spy); the other a painter who painted portraits of Pol Pot and copies of paintings. They had been put aside in a group cell rather than sent to the field by the prisoner director, Duch, as they “maybe useful” later on.

For me though, the guard’s words were the worst. He kept saying that he asked to be transferred from being a guard at the prison and to go and fight the enemy instead, but that his request was refused. He said that he didn’t carry out the tortures, but wrote down the names of people as they headed off to get tortured or on their way back. He also said that he had taken people to the killing fields, telling them that they were just “moving house”. He said that sometimes, if the prisoner cried for him before being executed by the Khmer Rouge henchmen, then he was summoned to come and prove that he had it in him to kill prisoners…and so he picked up a metal pole and whacked the prisoner over the head until he was dead. He is basically a murderer and yet denies that it was his fault…

I know that human instinct is survival, but it’s hard to hear.

In general they apparently shipped the prisoners in a group to a house by the killing field where they were taken outside, one by one, blindfolded to the edge of a pit. A generator was running in the house in order for the remaining prisoners not to be able to hear the screams of the previously ones. They would kneel them down on the edge of the pit, whack them with a metal pole until they were dead and then slit their throats in order to make sure, before dropping them into the pit with the other decaying corpses.

The Khmer Rouge power over its members was this “thing” called “Angkar”. I guess it was like a God to them. In any case it replaced Buddha and most monks were imprisoned and killed. They arrested anyone with an education or that could be a threat: scholars, doctors, journalists, etc. and all of their families (in order that no-one try to take revenge for the death of a loved one). I overheard a guide saying that they took a look at your hands and if there were no callouses or signs that you worked with your hands and were a manual labourer then you were taken as a prisoner. The lucky ones were chased out of the cities and worked in the fields in order to produce crops for the Party. If you were caught picking a fruit and not giving it to the Party then you were considered as a traitor and either tortured or killed.

The school buildings and grounds themselves seem pretty standard, four concrete buildings, three floors each and with a staircase at each end. They were transformed into Party offices, individual brick cells, individual wooden cells, group cells where prisoners were chained together using different length metal poles and ankle hoops, torture cells, etc. There is a wooden frame in the playground where you can imagine there used to be a swing or something, but the Khmer Rouge used it as an instrument of torture where they hung people until they lost consciousness before being lowered down and placed head first into a large jar containing human waste and rotting remains until they woke up again at which point they were once again hung on the frame….

The audio guide told of the Khmer Rouge “doctors” who weren’t really trained doctors (as they had all been killed), but who used salt water to treat torture wounds and stop infection, gave mashed up vegetables in the shape of pills as “medication” and who experimented, in order to better understand the human body, by cutting up live prisoners….I had to stop listening when they started talking about blood transplants…luckily we were outside and found a nice place to sit in the shade until we both felt well enough to carry on.

The ground floor of Building A of the prison was where the torture rooms were. They each contained one iron bed, no mattress, one set of leg chains and one photo of the room as it was when the Vietnamese Army found the prison (two days after seizing control of Phnom Penh from the Khmer Rouge). They discovered the last of the prisoners still shackled to these beds having been killed in panic as the Khmer Rouge soldiers abandoned the prison. The photos are graphic, black and white and slightly blurred, but it’s enough…it’s strangely fascinating and, while not wanting to see the next one, we still carried on walking along the row of rooms and entering each room in order to see the photo…

Each photo leads to the same questions, who was it, what had they done (or what were they accused of), had they suffered a lot, were they conscious when they died…

Building C is covered in barbed wire, according to the voice in the audio guide, this was to stop prisoners being able to kill themselves by jumping off (as one prisoner had managed). The individual brick cells were clearly build in a rush and by amateur builders…I can’t help thinking what Dad would say if he could see these walls… It wasn’t the walls that kept the prisoners in, but rather the fact that they were chained to a metal hoop in the concrete floor or the thought of what would happen to them if they tried to escape!

On the audio guide, one of the prisoners tells a tale that they had a pot to pee into and, if it overflowed, then they would be forced to lick the rest up off the floor with their tongue. He also says that if, during the night, they turned over and their chains made a noise then they would receive a lashing.

In Buildings B and D there are rows and rows of black and white photos. Every prisoner (and guard) had their photo taken on arrival with their prisoner number. In the guidebook I’d seen that there were supposed to be photos of before and after torture. Some of these prisoners had black eyes or had even been blinded…naively I thought that maybe that was what the guidebook had been talking about.

There were photos of women holding their babies as their photos were being taken…

Once the photo was taken the prisoners were stripped of all their clothes — a photo of the heap of clothes taken by the Vietnamese Army was also on display…so many clothes, so many victims!

A whole section shows photos of the failures…where the torture went too far and the prisoner ended up dying in the prison. Duch didn’t like this, the prisoners should be killed when they had confessed and in the killing fields, not here in the prison.

The final building, Building D, contains the equipment: the seat used to take the photo; the instrument used to measure their height; the shackles and chains; the instruments of torture (some of which had been specially designed and made by the Khmer Rouge themselves…).

All along the visit there were paintings by one of the survivors. A lot of them were shocking. The most shocking ones for me were in this building and in the part which presents the killing fields. There were two paintings that showed how the Khmer Rouge disposed of the babies: one of them showed a soldier throwing a baby up over the pit and then firing at it with a rifle…like a hideous clay pigeon shooting target; the other shows a soldier swinging the baby above his head next to a tree…at the bottom of the tree lie other, mangled baby corpses…suggesting that he would whack the baby against the tree until it was dead. At this point, and surrounded by the cracked skulls of many of the victims (taken from the pits at the killing fields) I told Stéphane that I needed to go outside.

We went and sat in the shade again and listened to the last couple of audio tracks. The German ambassador’s speech recorded this summer, comparing the Khmer Rouge and the Nazis…and the voice telling us that we must never forget and that this kind of thing must never be repeated…and yet I can’t help thinking that it probably is already in several countries around the world.

On the way out we passed in front of two survivors, back here to sell their books and to pose for photographs with tourists. I had no idea what to say to them. It seemed totally wrong to pose for photos! They are pretty old now and, with life expectancy in Cambodia at 65 years old, I don’t suppose they’ll be coming here for much longer, but I can’t think of anything to ask. Nothing I can say will make a difference.

One of them, in this morning’s video, said that he still wakes up at night having nightmares that he’s being tortured…he’s crying as he says it…it’s horrible to see a grown man cry. Nothing can make what they have lived and suffered any easier and certainly not the words of an English tourist.

With a heavy heart we head back to our tuk-tuk, back to a world where everything carries on just as it did before. We ask our driver to go to the market where we have a look around before finding a café for some lunch. Over lunch we discuss what we’ve seen this morning and decide that neither of us really want to go to the killing fields. There were a lot of photos and information about them already at the museum and it’s quite far too. We tell the tuk-tuk to take us to the National Museum instead. He seems a little upset to not be earning as much but I don’t think that I can cope with seeing more bones and more hideous stories.

The National Museum

The National Museum is a haven of peace, its beautiful and elegant red walls and roof and well-trimmed garden take us away from the dusty, smelly, thronging streets of Phnom Penh. We wander around the high-roofed spacious halls where there are collections of all shapes and sizes of statues from all around Cambodia. We take our time. In the Angkor part of the museum we happily point out which temples are displayed in the photos and whether we’ve seen the replicas of certain statues that are now here for protection.

We sit and rest in the inner garden, sheltering from the sun, while people feed the fish in the ponds and a couple of monks squat staring at the water nearby.

FCC and postcards

After a while we decide that it’s time to leave and buy a few postcards on the way out. We opt to head for a nearby rooftop bar from which we can watch the sunset and look out over the river, the Foreign Correspondants’ Club, where we park ourselves with a lovely view over the river while we write our postcards before heading back to the hotel.

Dinner

Still not feeling 100% we decide to not take too many risks tonight and head to a nearby restaurant with a good reputation, called the Lemon tree. We share a salad with potatoes, dried ham and cheese and a lamb quiche. It was delicious and even came with some fresh bread. Just what the doctor ordered!

2 reflexions sur “Génocide des Khmers rouges et musée national

  1. Ysis de La tour

    Je ne saurais dire ici le chagrin immense et surtout l’écœurement éprouvé lors de la lecture de cet article magnifiquement écrit car, après avoir vu de ses yeux l’horreur
    il faut avoir le courage de coucher sur la page tous ces mots si bien écris avec une telle densité
    Vraiment , non seulement merçi pour ce témoignage puissant et encore bravo pour celui-ci

    1. Steph Auteur de l'article

      Merci beaucoup Ysis. J’aurais peut-être dû mettre un avertissement comme l’a fait Susie au début de son article. Toujours est-il que j’avais vraiment besoin de raconter ce qu’on a vu… C’était dur mais nécessaire. Bisous et à bientôt pour des articles plus joyeux !